Selon les enseignements traditionnels, l’être humain est constitué de trois éléments : le corps, l’âme et l’esprit ; ces entités se situent respectivement sur les plans physique, psychique et spirituel.
Sur le plan psychique, intermédiaire entre le corporel et le spirituel, il faut encore distinguer l’âme proprement dite de la conscience. Il est vrai que l’association étroite dans laquelle fonctionnent la conscience et l’âme favorise la confusion, mais il est nécessaire de clarifier la distinction entre ces deux entités si l’on veut comprendre l’être humain.
La conscience du moi
Chez l’individu ordinaire, la conscience s’identifie à l’ego, le moi. On appelle « moi » ou « ego » l’entité qui dit « moi » et « je ». Ce qui domine dans l’être humain ordinaire, c’est cet ego étroit, trop souvent immature, façonné depuis la prime enfance par les perceptions sensorielles, les expériences vécues, l’éducation, l’opinion qu’il nourrit de lui-même, et aussi par ses déceptions et ses frustrations. Le moi se rigidifie à mesure que l’homme fige sa conception de la vie et que ses habitudes et ses certitudes s’enracinent en lui.
L’âme terrestre et l’âme spirituelle
À côté de la conscience, l’âme, ou la psyché, désigne l’entité complexe qui double le corps physique sur le plan psychique, plus subtil. Le corps ne serait qu’une masse inerte s’il n’était pas animé par l’âme et ses énergies. La psyché est le siège des sensations, des perceptions, des sentiments, des émotions et des passions. Elle regroupe l’ensemble des facultés telles que le mental, l’imagination, la mémoire, la sensibilité, etc. Elle comprend également de nombreuses extensions qui échappent à la conscience ordinaire. Parmi ses facultés figure le mental, qu’on a tendance à confondre avec la conscience, parce que le moi ordinaire fonctionne en liens étroits avec le mental, qui influe beaucoup sur ses perceptions.
L’âme s’étend en fait sur deux niveaux : psychique et spirituel. Sur le plan psychique, l’âme charnelle ou terrestre conditionne les besoins et les désirs ; elle comprend une nature instinctive et une nature passionnelle. Sur le plan supérieur, « céleste », se trouve l’âme spirituelle, le noyau pur et immaculé de la psyché, constituée d’une essence lumineuse inaltérable. Le symbolisme chrétien évoque l’âme spirituelle sous la figure de la Vierge Marie.
L’esprit, le Moi supérieur
Sur le même plan que l’âme spirituelle, l’esprit désigne l’Intellect supérieur, le Soi, l’Être essentiel que les Grecs appelaient le noûs et qu’ils personnifiaient par Zeus, et que le christianisme ésotérique appelle le Christ. Le Soi est porteur des idées justes et des idéaux nobles, source d’inspirations élevées pour qui sait lui prêter attention. Cette conscience supra-individuelle qu’est l’esprit résulte d’un reflet de l’Esprit divin dans l’être humain. Le mot « esprit », écrit sans majuscule, s’applique à l’esprit humain, le Soi, tandis qu’avec une majuscule, il renvoie à l’Esprit universel.
Pour donner naissance à l’esprit humain, l’Esprit divin projette sa Lumière dans la partie de l’âme spirituelle appelée le « cœur », si l’on entend par ce mot non pas l’organe physique, mais le centre de l’être humain intégral. C’est ce point central inaltéré de l’âme spirituelle que le langage symbolique chrétien, rarement compris, appelle le « Cœur immaculé de Marie ».
L’origine de la conscience ordinaire
Le moi ordinaire n’est lui-même qu’un reflet dans l’âme charnelle de l’esprit, la conscience supérieure, le principe spirituel en l’homme. Ce caractère relatif et presque inconsistant de l’ego autorise les bouddhistes à le qualifier d’illusion et à lui dénier toute réalité. Le moi, souvent immature et borné, prétend néanmoins imposer sa prééminence dans l’être humain ; bien qu’il ne soit qu’un phénomène illusoire et inconsistant, il se dresse comme un filtre obscurcissant qui obstrue la lumière du Soi.
Tant que l’âme charnelle n’est pas à même de s’ouvrir au Soi, elle se lie à l’ego qu’elle a généré, car elle ne peut se manifester dans l’existence en étant privée de cet interface. La psyché se livre donc au moi, dont le niveau équivaut au sien ; une âme dominée par la bestialité se lie à un ego centré sur ses instincts, tandis qu’une âme passionnée s’associe à un ego assujetti aux passions.
Le but de l’œuvre spirituelle
L’objectif premier de toute spiritualité authentique, c’est de rendre l’être humain perméable à l’influence de l’esprit, le Soi, afin que sa Lumière rayonne en lui et autour de lui. Celui qui ne surmonte pas son égocentrisme et ne se préoccupe que de ses avantages matériels manque le but de son existence. Une longue discipline doit s’efforcer de réduire le moi, ce nœud de préjugés et de crispations, à un filtre de moins en moins opaque à la Lumière de l’esprit. En même temps, le candidat doit, par un constant effort, affranchir son âme charnelle de ses emportements, de ses erreurs et de la frivolité des sens. Lorsqu’il parvient à maîtriser ses passions et ses pensées, la psyché cesse de se laisser déterminer par les impulsions. Elle reçoit alors du Soi l’irradiation divine qui se propage jusque dans le corps.
La projection de l’esprit dans l’âme charnelle a généré le moi terrestre. À l’issue d’un travail mené sur des années, parfois sur une vie entière, la psyché assainie donnera naissance à l’embryon d’une conscience nouvelle, à un reflet plus fidèle du Soi, appelé à succéder à l’ego ordinaire. La vocation spirituelle de l’homme, c’est, à terme, le remplacement total du moi par la conscience supérieure, le Soi, le relai de l’Esprit divin dans l’existence. Dès que le Soi prend l’ascendant dans l’être humain, le « cœur immaculé de Marie » devient comme un tabernacle ouvert ; il rayonne et diffuse dans l’homme la Lumière d’En haut.
C’est un plaisir de te lire.
Merci pour ces explications très claires.
V.
Merci beaucoup Virginie.
Tes appréciations me touchent beaucoup.
Pascal