Il suffit d’énoncer ce titre de renommée universelle, les Mille et Une Nuits, pour évoquer un climat d’enchantement et de mystère lié à la vieille magie de l’Orient. Mais a-t-on conscience que cette œuvre brillante et colorée, que la civilisation arabo-musulmane élabora à son époque glorieuse, n’était pas une fantaisie gratuite, et que sous leur style raffiné et sous leur aspect parfois ingénu ou libertin, ces contes transcrivaient un enseignement que dispensaient autrefois d’authentiques maîtres spirituels ?
Les soufis, principaux inspirateurs des Mille et Une Nuits, avaient une profonde connaissance de l’être humain et de ses possibilités d’accomplissement ; les contes, même lorsqu’ils se parent d’un humour divertissant, se font l’écho de ce savoir. Sous leur habillage récréatif, ils servent de support à une lumineuse sagesse héritée de l’ésotérisme musulman, afin que cette lumière pénètre l’âme par le biais de la féerie et du mystère.
Ces récits allégoriques, dont je m’emploie à éclairer le message, ont pour cadre réel l’être intérieur ; ils illustrent le parcours que suivirent des initiés engagés dans la voie de leur propre transmutation. À travers ces histoires, c’est notre réalité méconnue que la sagesse des Mille et Une Nuits nous convie à explorer. À notre époque où le rapprochement entre l’Islam et l’Occident constitue un enjeu crucial, dévoiler la dimension cachée de cette œuvre qui a imprégné l’imaginaire du monde entier pourrait aider à promouvoir une approche commune de la spiritualité.